Les articles qui figurent dans ce numéro1 s'inscrivent dans une réflexion franco-brésilienne, développée dans le cadre des accords de coopération CAPES-COFECUB et USP-COFECUB, liant depuis plusieurs années des chercheurs du Centre d'Analyse et d'Intervention Sociologiques (CADIS-EHESS/CNRS) et du Núcleo de Estudos da Violência da Universidade de São Paulo (NEV-USP). Nous remercions la rédaction de Cultures et Conflits d'avoir accepté d'ouvrir les pages de la revue à une publication partielle de notre travail.
L'idée de démocratie raciale au Brésil et le modèle républicain en France constituent la toile de fond des mouvements de composition et de décomposition de la question du racisme à l'œuvre dans ces deux pays. Ces formules consacrées ne sont pas sans liens avec la manière par laquelle on se représente le racisme et façonnent des impératifs quant à la manière de le combattre. La réflexion croisée sur l'évolution des formes de reconnaissance du racisme au Brésil et en France, que propose cet article, permet notamment de revisiter des conceptions juridiques, politiques, sociales et le vécu personnel qui lui sont attachés à différentes périodes. Des deux côtés de l'Atlantique, les modes de compréhension du racisme ont longtemps fait peser une sorte de déterminisme sur les victimes en les maintenant quelque part à distance du problème.
Cet article examine les conditions dans lesquelles, au cours des vingt dernières années, les journalistes français et brésiliens ont transformé « la violence » en une importante thématique des "prestige papers", dont elle était pratiquement exclue auparavant. Ce changement est mis en relation avec la nouvelle importance acquise par une information de masse standardisée et destinée à un public très large ; mais semble être l'effet, également, d'une déprise des rapports et des acteurs sociaux sur la vie politique.
Même dans des moments fondateurs de la démocratisation au Brésil, comme pendant les deux décennies suivant 1985, les vestiges de l'autoritarisme persistent. Je discute ici les questions relatives aux garanties constitutionnelles, en particulier les droits civils, et le fonctionnement du pouvoir judiciaire et de la police, en essayant d'attirer l'attention sur la violence endémique et les violations systématiques des droits humains sous les gouvernements constitutionnels démocratiques, en particulier des années 1990 à nos jours. J'y examine les efforts déployés au Brésil par le gouvernement et la société civile en vue d'un élargissement de la jouissance des droits de la personne à toute la population. Enfin, cet essai comporte également un témoignage sur mon bref passage au gouvernement fédéral du Brésil.
This article aims at understanding how homicides are distributed within the social space and the urban territory. The main questioning is to know whether homicides are linked to urban fragmentation and to the socioeconomic differentiations between the districts composing the town of Vitoria in the Brazilian State of Espirito Santo. We analyse homicides as revealing the marginalised populations'regulation. The article also deals with the question of homicide related data gathering and police behaviour.
Dans un livre publié en 2004 – La violence – Michel Wieviorka suggère l´hypothèse d'une remise en cause, à l'heure actuelle, dans les sociétés occidentales, de la formule weberienne qui plaide en faveur du monopole légitime de la violence physique en tant que fondement de l´État moderne. Bien que l'on puisse être d´accord avec cette hypothèse générale, on ne peut pas l´accepter aussi complètement, si l'on considère les sociétés « de l´extrême Occident » (selon l'expression d'Alain Rouquier), comme c'est le cas du Brésil. En dépit des mutations survenues de par les liens de société brésilienne avec le mouvement de la mondialisation, le contrôle démocratique de la violence et du crime urbain suggère un double défi à relever : d'un côté, le contrôle d'une violence endémique qui se déploie au sein de la société civile; et d'un autre côté, le contrôle, autant par la société civile organisée que par le gouvernement civil, des forces répressives de l'Etat.
La formule célèbre de Max Weber sur le monopole étatique de la violence physique légitime peut être lue en termes historiques, c\'est-à-dire pour caractériser certains Etats à certains moments, ou en termes plus abstraits, comme l\'amorce d\'une théorie générale de l\'Etat. Mais dans les deux cas, elle suscite bien des critiques, les unes renvoyant à des facteurs externes, à commencer par la globalisation, les autres aux transformations internes des Etats, et par exemple à la privatisation des activités policières, et d\'autres encore à la façon dont se télescopent dans les changements récents les frontières entre logiques externes et logiques internes.
The Africa Law Institute is pleased to announce the publication of its second issue of the African Journal of Legal Studies (“AJLS”). While delayed, we hope that the improvements made since launching our first issue last year will have made the wait worthwhile.
This article argues that Liberia owes a duty under both international humanitarian and human rights law to investigate and prosecute the heinous crimes, including torture, rape and extra-judicial killings of innocent civilians, committed in that country by the warring parties in the course of fourteen years of brutal conflict. Assuming that Liberia owes a duty to punish the grave crimes committed on its territory, the article then evaluates the options for prosecution, starting with the possible use of Liberian courts. The authors argue that Liberian courts are unable, even if willing, to render credible justice that protects the due process rights of the accused given the collapse of legal institutions and the paucity of financial, human and material resources in post-conflict Liberia. The authors then examine the possibility of using international accountability mechanisms, including the International Criminal Court, an ad hoc international criminal tribunal as well as a hybrid court for Liberia. For various legal and political reasons, the authors conclude that all of these options are not viable. As an alternative, they suggest that because the Special Court for Sierra Leone has already started the accountability process for Liberia with the indictment of Charles Taylor in 2003, and given the close links between the Liberian and Sierra Leonean conflicts, the Special Court would be a more appropriate forum for international prosecutions of those who perpetrated gross humanitarian and human rights law violations in Liberia.
This article examines the extent to which revenues from the trade in rough diamonds have funded civil war in African countries and the difficulties encountered by the United Nations in putting an end to it. As case studies, the article considers the conflicts in Angola, the Democratic Republic of the Congo and Sierra Leone where the illicit trade in rough diamonds, also referred to as "conflict diamonds" or "blood diamonds," provided most of the funds used by rebel groups in their war efforts. The article further examines the role played by the diamond industry, the international community and diamond importing countries such as the United States and Belgium in the trade of conflict diamonds. The article concludes that several resolutions passed by the United Nations Security Council concerning "conflict diamonds" were at times not successful because of indifference on the part of the international community.