« Mon intérêt s'est alors tourné vers les caméras comme représentations. De pouvoir ? De sécurité ? Etaient-elles des outils ou bien simplement des gargouilles ? J'ai commencé à les observer comme des ornements architectu- raux et à les traiter comme tels. Après avoir recouvert de bijoux certaines des caméras situées près de mon studio et constaté que, avant cela, personne dans le quartier n'avait remarqué leur présence, j'ai voulu poursuivre cette expérience. J'ai alors contacté le bureau central de la police d'Amsterdam pour savoir si je pouvais ornementer les caméras sur leurs façades. Ils refusèrent net toute relation de travail avec une artiste. J'ai alors créé mon entreprise, System Azure, et suis revenue vers eux avec la même proposition. Ils ont accepté et, de fait, ils m'ont embauchée : " Jill Magid Head Security Ornamentation Professional of System Azure " »
La crise politique liée à l'émergence du mouvement maoïste en février 1996 et à ses relatifs succès a plongé le gouvernement et la fragile démocratie du Népal dans une sorte de décadence et de chaos. Les institutions politiques, déjà instables et au cour de luttes partisanes et de formes de corruption plus ou moins aggravées, n'ont été que davantage fragilisées par ce conflit qui a forcé leur retrait des zones rurales (la quasi-totalité du territoire népalais en somme). Cette perte de contrôle et de légitimité des instances politiques, incapables de régler la crise par la voie politique de la négociation, ont offert à l'armée et au roi, son chef suprême, des pouvoirs renforcés et difficiles à contester - tant du point de vue national, régional, qu'international -, du moins au départ. Mobilisée en novembre 2001 au bout de cinq années de conflit devant l'échec de la police, l'armée avait pour mission initiale d'engager et de permettre des négociations avec les rebelles. Or, rapidement, comme la suite des événements l'a montré, son rôle répressif a pris le pas sur le reste.
Des études en sciences dures ont finalement convaincu cet homme de suivre son oil, préalablement aiguisé par une sorte de « mythologie familiale » de la photographie, un art qu'il a véritablement découvert lors de son cursus à l'Ecole nationale de photographie d'Arles.
Les politiques d'exception et de suspicion ne couvrent pas, loin s'en faut, les logiques du champ des professionnels de la sécurité. La question de l'action humanitaire, celle des raisons qui poussent les ONG et les gouvernements à agir selon ces normes en est un autre volet central. Cultures Conflits avait abordé, il y a plusieurs années, la question des relations entre interventions armées et causes humanitaires, et avait poursuivi la réflexion sur les transformations du métier militaire, le rapport à l'humanitaire avec le choix d'une voie militaire après le 11 septembre. Mais, comme beaucoup d'autres revues de sciences sociales françaises, nous avions évoqué les pratiques des acteurs de l'humanitaire sans discuter en profondeur les relations entre l'humanitaire et les droits de l'Homme.